Comment vendre un bien en indivision quand l’autre ne veut pas ?

Comment vendre un bien en indivision quand l’autre ne veut pas ?

Dernière mise à jour : Mars 2025

Vous êtes propriétaire d’un bien immobilier avec d’autres personnes et vous souhaitez le vendre, mais vous vous heurtez à un refus catégorique ? Je comprends votre frustration. En tant qu’expert immobilier spécialisé dans les situations d’indivision, j’ai accompagné des centaines de personnes confrontées à ce dilemme. Dans cet article, je vous dévoile toutes les solutions légales pour sortir de cette impasse, en m’appuyant sur les dispositions actuelles du Code civil et mon expérience pratique.

Qu'est-ce qu'une indivision et pourquoi les conflits sont-ils si fréquents ?

L’indivision est cette situation juridique particulière où plusieurs personnes possèdent ensemble un même bien immobilier, chacune détenant une quote-part sans division matérielle du bien. Imaginez une maison dont vous possédez 30%, votre frère 40% et votre sœur 30% – vous êtes tous propriétaires de l’ensemble du bien, mais dans des proportions différentes. Pour comprendre en détail ce mécanisme juridique, consultez notre article complet sur les règles de base de l’indivision.

Cette configuration survient principalement dans deux contextes :

  • Lors d’une succession : après le décès d’un proche, les héritiers deviennent automatiquement copropriétaires des biens du défunt (pour en savoir plus, consultez notre article sur l’indivision successorale)
  • Lors d’un achat commun : par des concubins, partenaires de PACS ou amis qui investissent ensemble (découvrez les spécificités pour les couples dans notre article sur l’indivision entre concubins)

J’ai constaté que les conflits concernant la vente sont extrêmement fréquents dans ce régime de propriété collective. Pourquoi ? Parce que chaque indivisaire peut avoir des objectifs radicalement différents :

« J’ai vu des familles où certains membres souhaitaient conserver le patrimoine familial pour des raisons sentimentales, tandis que d’autres, parfois en difficulté financière, avaient un besoin urgent de récupérer leur part en capital. »

Les solutions légales pour vendre malgré un désaccord

1. La vente de votre quote-part individuelle

La première solution, souvent méconnue, consiste à vendre uniquement votre part du bien sans attendre l’accord des autres indivisaires. C’est un droit fondamental que vous possédez en tant que propriétaire indivis. Pour approfondir cette option, consultez notre article dédié sur comment vendre sa part en indivision.

Avantages :

  • Procédure relativement simple et rapide
  • Ne nécessite pas l’accord des autres indivisaires
  • Permet de sortir immédiatement de l’indivision

Inconvénients :

  • Valeur généralement dépréciée (20-30% en moyenne par rapport à la valeur théorique)
  • Obligation de respecter le droit de préemption des autres indivisaires
  • Difficulté à trouver un acquéreur externe (peu de personnes sont prêtes à entrer dans une indivision existante)

Procédure à suivre :

  1. Faire estimer la valeur de votre quote-part par un professionnel de l’immobilier
  2. Notifier votre intention de vendre aux autres indivisaires par acte d’huissier ou notification notariée
  3. Respecter un délai de préemption de deux mois pendant lequel les autres indivisaires peuvent se porter acquéreurs
  4. Vendre librement à un tiers si aucun indivisaire n’exerce son droit de préemption

J’ai accompagné l’an dernier une cliente qui a vendu sa part de 25% d’un appartement parisien à son frère après une succession conflictuelle. Bien qu’elle ait dû consentir à une décote de 15% sur la valeur théorique, cette solution lui a permis de tourner la page rapidement et d’investir dans son propre logement.

2. La vente forcée par majorité des deux tiers

Depuis la réforme du 23 juin 2006, si vous détenez au moins deux tiers des droits indivis, vous disposez d’un pouvoir considérable : celui d’imposer la vente de l’ensemble du bien.

Points essentiels à comprendre :

  • Cette majorité s’applique aux droits de propriété et non au nombre d’indivisaires (3 personnes possédant chacune 20% ne peuvent pas imposer leur décision à une personne détenant 40%)
  • La notification doit être effectuée par acte notarié extrajudiciaire (procédure formelle)
  • Les indivisaires minoritaires disposent d’un délai de trois mois pour contester la décision devant le tribunal

Étapes de la procédure :

  1. Calculer précisément les droits de propriété de chaque indivisaire (consultez l’acte de succession ou l’acte d’achat)
  2. Mandater un notaire pour notifier formellement votre intention de vente aux autres indivisaires
  3. Attendre le délai légal de contestation de trois mois
  4. Procéder à la vente en l’absence d’opposition judiciaire validée

Un exemple concret : Pierre et Marie ont hérité d’une maison familiale, Pierre à hauteur de 70% et Marie 30%. Malgré l’opposition de Marie, Pierre a pu légalement initier la vente de la maison en respectant scrupuleusement la procédure. Marie n’a pas pu s’y opposer car son refus n’était pas justifié par un motif légitime reconnu par la loi.

3. La vente par licitation judiciaire

Si vous ne parvenez pas à un accord et ne disposez pas de la majorité des deux tiers, votre ultime recours est la licitation judiciaire, conformément à l’article 815 du Code civil qui stipule clairement que « nul ne peut être contraint à demeurer dans l’indivision ». Pour une analyse détaillée de cette procédure, consultez notre guide sur la licitation et l’indivision.

Quand y recourir :

  • En cas de blocage persistant entre indivisaires
  • Quand les relations sont devenues conflictuelles, voire hostiles
  • En l’absence d’autre solution viable et après avoir tenté la médiation

Déroulement de la procédure :

  1. Saisir le tribunal judiciaire du lieu où se situe le bien (avec l’aide d’un avocat)
  2. Présenter les motifs justifiant votre demande de vente (besoin financier, impossibilité de gestion commune, etc.)
  3. Démontrer l’impossibilité de maintenir l’indivision de manière harmonieuse
  4. Participer à l’audience où le juge évaluera si le refus de vendre est contraire à l’intérêt commun

Coûts et délais à anticiper :

  • Frais d’avocat : entre 1500€ et 3000€ selon la complexité du dossier
  • Frais de procédure judiciaire : environ 800€ (incluant les frais d’huissier)
  • Délai moyen : 6 à 18 mois selon l’encombrement des tribunaux dans votre région

J’ai suivi le cas d’une famille où trois frères et sœurs étaient en désaccord total sur la vente d’une maison de vacances. Après deux ans de tentatives de conciliation infructueuses, le tribunal a finalement ordonné la vente par licitation. Le bien a été vendu aux enchères et le produit de la vente réparti entre les indivisaires selon leurs quotes-parts respectives.

Cas particulier : indivision successorale et maintien forcé

Dans certaines situations spécifiques, un indivisaire peut s’opposer temporairement à la vente d’un bien en indivision successorale :

  • Le conjoint survivant occupant le logement familial (droit temporaire au logement)
  • Un indivisaire y exerçant son activité professionnelle principale
  • Un héritier pouvant démontrer un préjudice grave en cas de vente immédiate

Cette opposition n’est généralement valable que pour une durée limitée (souvent 2 ans), renouvelable uniquement sur décision du juge si les circonstances exceptionnelles persistent.

Stratégies pratiques pour éviter les blocages en indivision

Établir une Convention d'Indivision

Pour prévenir les conflits, je recommande systématiquement aux indivisaires d’établir une convention d’indivision qui définit clairement (voir notre article complet sur comment établir une convention d’indivision efficace) :

  • Les règles de prise de décision (majorité simple, qualifiée ou unanimité selon les actes)
  • Les conditions précises de sortie de l’indivision
  • Les modalités de gestion courante du bien (qui paie quoi, qui décide quoi)
  • Les conditions d’une vente future éventuelle

Pour aller plus loin sur ce sujet, découvrez aussi notre article sur la convention d’indivision : tout ce qu’il faut savoir.

Cette convention, rédigée par un notaire, peut vous éviter bien des tracas futurs. J’ai vu trop de familles déchirées par des conflits qui auraient pu être évités avec ce simple document.

Négocier un Accord Amiable

Avant d’engager des procédures judiciaires coûteuses et souvent traumatisantes, je vous conseille vivement de privilégier la médiation ou la négociation :

  1. Proposer un rachat des parts aux autres indivisaires (parfois avec une légère prime pour les convaincre)
  2. Envisager un partage en nature si le bien s’y prête (division d’un terrain par exemple)
  3. Offrir des compensations financières ou d’autres arrangements pour obtenir l’accord
  4. Recourir à un médiateur professionnel pour faciliter le dialogue dans un cadre neutre

Une médiation réussie que j’ai accompagnée : deux sœurs en conflit au sujet d’une maison héritée ont finalement trouvé un accord où l’une a racheté la part de l’autre avec un paiement échelonné sur trois ans, solution qui convenait aux contraintes financières de chacune.

Les frais à anticiper lors d'une vente en indivision

Lors de la vente d’un bien en indivision, plusieurs frais doivent être anticipés et budgétés (consultez notre article détaillé sur combien coûte une indivision chez un notaire) :

Type de fraisPourcentage/Montant approximatifÀ la charge de
Frais de notaire7-8% du prix de ventePartagés entre vendeur et acheteur selon accord
Mainlevée d’hypothèque0,7-1% du montant de l’hypothèqueIndivisaires au prorata des parts
Plus-value immobilièreVariable selon durée deVariable selon durée de détentionChaque indivisaire individuellement
Indemnité d’occupation2-4% de la valeur locative annuelleIndivisaire occupant
Frais de procédure judiciaire2000-4000€Selon décision du tribunal

N’oubliez pas que les indivisaires sont solidairement responsables des dettes liées au bien indivis, comme les taxes foncières impayées ou les travaux d’urgence.

FAQ : Vos questions fréquentes sur la vente en indivision

Puis-je forcer la vente d'un bien en indivision hérité de mes parents ?

Oui, plusieurs options s’offrent à vous : vendre votre quote-part, utiliser la règle des deux tiers si vous disposez d’une majorité suffisante, ou recourir à une procédure de licitation judiciaire en dernier recours. Le Code civil garantit que personne ne peut être contraint de rester en indivision. Pour plus de détails, consultez notre article spécifique sur comment forcer la vente d’un bien en indivision.

Votre quote-part est généralement définie dans l’acte de succession ou l’acte d’achat. Si aucun document ne le précise, la loi présume que les parts sont égales entre tous les indivisaires. Un notaire peut vous aider à clarifier votre situation exacte. Pour comprendre le calcul des parts, consultez notre guide sur calculer sa quote-part en indivision.

Non, l’occupation du bien ne confère pas un droit de blocage absolu. L’occupant peut toutefois demander un délai raisonnable pour se reloger et peut devoir verser une indemnité d’occupation aux autres indivisaires pour la période d’occupation exclusive.

Si un indivisaire est absent ou injoignable, une procédure spéciale peut être engagée. Le tribunal peut désigner un mandataire qui représentera l’indivisaire absent dans les opérations de vente et de partage. Ce type de situation est abordé dans notre article sur comment débloquer une indivision.

Généralement, une vente aux enchères par licitation rapporte 15-20% de moins qu’une vente classique sur le marché libre. C’est pourquoi cette solution doit rester un dernier recours après avoir épuisé toutes les tentatives de négociation amiable.

Les frais de procédure sont généralement avancés par le demandeur, puis prélevés sur le prix de vente avant partage. Si le tribunal estime qu’un indivisaire a abusé de son droit d’opposition, il peut mettre les frais intégralement à sa charge.

Conclusion : Choisir la meilleure stratégie pour votre situation

Face à un indivisaire qui refuse de vendre, trois solutions principales s’offrent à vous, chacune avec ses avantages et inconvénients :

  1. La vente de votre quote-part : solution rapide mais souvent peu avantageuse financièrement
  2. La vente forcée par majorité des 2/3 : efficace si vous détenez une part majoritaire
  3. La licitation judiciaire : solution de dernier recours mais garantie par la loi

Pour explorer davantage vos options, consultez notre article complet sur les 7 solutions pour sortir d’une indivision.

L’option optimale dépend entièrement de votre situation particulière : importance de votre quote-part, relations avec les autres indivisaires, urgence de votre besoin de liquidités et valeur du bien concerné. Pour analyser plus en détail les avantages et inconvénients de chaque option, consultez notre article sur indivision : avantages et inconvénients.

Je vous recommande vivement de consulter un notaire spécialisé pour évaluer précisément vos droits et déterminer la stratégie la plus adaptée à votre cas. Pour en savoir plus sur le rôle des notaires dans ce processus, lisez notre article notaires et indivision : tout savoir sur les démarches et les frais. N’hésitez pas non plus à faire appel à un médiateur professionnel avant d’engager des procédures judiciaires qui peuvent s’avérer longues et coûteuses, tant financièrement qu’émotionnellement.

Christian Mahout

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INDIVISION PATRIMOINE, fondé par Christian Mahout, est spécialisé dans l’acquisition d’immeubles et de parts indivises à Paris et en Île-de-France depuis 40 ans.
L’expérience de Christian Mahout (plus de 300 immeubles acquis et rénovés à ce jour) lui permet de prendre des engagements d’acquisitions rapides tout en respectant une très grande confidentialité.

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