Démembrement de propriété

Démembrement de propriété

Le démembrement de propriété est un concept clé du droit français qui permet à une personne de détenir certains droits sur un bien immobilier ou mobilier, sans en être forcément le propriétaire. Il s’agit d’un outil juridique très utilisé en France, notamment dans le cadre de la transmission de patrimoine, pour permettre à une personne de donner la jouissance d’un bien à une autre personne tout en conservant la propriété de ce bien. Découvrez ici toute sur cette notion.

La notion de démembrement de propriété

Avant toute chose, il est important de bien clarifier la notion de démembrement de propriété pour éviter toute ambigüité.

Définition du démembrement de propriété

Le démembrement de propriété est une situation juridique dans laquelle un bien est divisé en deux parties distinctes : la nue-propriété et l’usufruit. La nue-propriété est le droit de propriété qui permet de disposer du bien sans en avoir la jouissance, tandis que l’usufruit est le droit d’utiliser et de jouir du bien sans en être propriétaire. Le Code civil français définit donc la propriété à l’article 544 : « La propriété est le droit de jouir et disposer des choses (…) »  Le propriétaire a droit de jouir et disposer des choses de la manière la plus absolue. Toutefois, il peut en faire, à titre gratuit ou onéreux, une cession temporaire de jouissance ou d’usufruit.

Les différents types de démembrement de propriété

Il existe plusieurs types de démembrement de propriété en droit français. Les plus courants sont l’usufruit, la nue-propriété et l’usufruit successif.

D’abord, l’usufruit. C’est le droit de jouir et d’utiliser un bien sans en être le propriétaire. L’usufruitier peut ainsi utiliser le bien, en percevoir les fruits (revenus générés par le bien) et l’occuper s’il s’agit d’un bien immobilier. Cependant, il ne peut pas vendre le bien ou le donner en location sans l’accord du nu-propriétaire. L’usufruit peut être créé à titre temporaire ou à titre viager. C’est dans cette optique que l’article 578-1 du Code civil définit l’usufruit comme suit : « L’usufruit est le droit de jouir des choses dont un autre a la propriété, comme le propriétaire lui-même, mais à charge d’en conserver la substance.»

Ensuite, il y a la nue-propriété. Elle est le droit de propriété qui permet de disposer du bien sans en avoir la jouissance. Le nu-propriétaire ne peut pas utiliser le bien ni en percevoir les fruits, mais il a le droit de vendre sa part ou de la donner en héritage.

Pour finir, il y a l’usufruit successif. C’est un démembrement de propriété qui consiste en la succession de deux usufruits. Le premier usufruit est constitué au profit d’une personne pendant une période déterminée, puis à l’expiration de cette période, un second usufruit est constitué au profit d’une autre personne.

Les droits et obligations du nu-propriétaire et de l’usufruitier

Les droits et obligations du nu-propriétaire et de l’usufruitier sont fixés par les articles 578 à 624 du Code civil français.

Droits et obligations du nu-propriétaire

  • Le nu-propriétaire conserve le droit de disposer du bien, c’est-à-dire qu’il peut le vendre, le donner, ou encore en faire un objet de garantie. Il peut également demander la restitution du bien à tout moment, sauf s’il y a eu convention contraire ;
  • Le nu-propriétaire doit cependant respecter les droits de l’usufruitier et ne pas empiéter sur son droit de jouissance. Il doit notamment entretenir le bien pour le maintenir en bon état afin de permettre à l’usufruitier d’en profiter ;
  • Le nu-propriétaire doit également supporter les charges de propriété, comme les impôts fonciers, les travaux d’entretien, etc. Cependant, il peut réclamer une indemnisation à l’usufruitier pour les dépenses extraordinaires qu’il a engagées pour le bien.

Le nu-propriétaire est tenu d’agir dans les limites posées par la loi.

Droits et obligations de l'usufruitier

  • L’usufruitier a le droit d’utiliser le bien, d’en percevoir les fruits et d’en jouir, dans la mesure où il respecte la substance du bien ;
  • L’usufruitier doit toutefois respecter les droits du nu-propriétaire et ne pas agir de manière à compromettre la valeur ou l’intégrité du bien ;
  • L’usufruitier doit également entretenir le bien et le restituer à la fin de son usufruit dans l’état dans lequel il l’a reçu, sauf s’il a été convenu autrement.

L’usufruitier a l’obligation de respecter ses limites.

Les effets du démembrement de propriété sur les tiers

Le démembrement de propriété peut avoir des effets sur les tiers, notamment en ce qui concerne leurs relations avec le nu-propriétaire et l’usufruitier. Les dispositions relatives sont fixées par les articles 625 à 646 du Code civil français. Ces articles précisent notamment les modalités de prise en compte des droits de l’usufruitier et du nu-propriétaire dans les relations avec les tiers, ainsi que les règles applicables en matière de saisie, de vente ou de transmission du bien.

Les effets sur les créanciers du nu-propriétaire

D’abord, les créanciers du nu-propriétaire peuvent saisir le bien pour obtenir le remboursement de leurs créances, mais ils ne peuvent pas saisir les droits de l’usufruitier. En effet, l’usufruitier ne dispose pas d’un droit de propriété sur le bien, mais seulement d’un droit d’usage et de jouissance.

Aussi, ces créanciers peuvent également exercer leur droit de préemption sur le bien, mais dans ce cas, ils doivent indemniser l’usufruitier pour la perte de son droit de jouissance.

Les effets sur les créanciers de l'usufruitier

Les créanciers de l’usufruitier peuvent saisir le bien pour obtenir le remboursement de leurs créances, mais ils ne peuvent pas saisir les droits du nu-propriétaire.

Si l’usufruit a été créé à titre onéreux, les créanciers peuvent exercer leur droit de gage général sur le droit d’usufruit.

Les effets sur les tiers acquéreurs

Lorsque le bien est vendu, les tiers acquéreurs doivent respecter les droits de l’usufruitier jusqu’à l’expiration de son usufruit. Ils ne peuvent pas empiéter sur son droit de jouissance ni le priver de ses fruits.

À l’expiration de l’usufruit, le nu-propriétaire retrouve la pleine propriété du bien et peut le vendre ou le donner sans restriction.

Les modes d'acquisition du démembrement de propriété

Il existe plusieurs modes d’acquisition du démembrement de propriété.

La constitution du démembrement de propriété par convention

Le démembrement de propriété peut être constitué par convention entre les parties, soit à titre gratuit (donation, succession) ou onéreux (vente, échange). Les modalités de constitution doivent être définies dans l’acte de donation, de vente ou de tout autre contrat en question. La convention doit être conforme aux dispositions légales et réglementaires en vigueur et doit respecter les droits et obligations des parties.

La constitution du démembrement de propriété par succession

Le démembrement de propriété peut être constitué par succession, c’est-à-dire lorsque la propriété est transmise par voie de succession suite au décès d’une personne. Les modalités de constitution sont définies par les dispositions légales et réglementaires en vigueur en matière de succession, notamment les articles 752 à 758 du Code civil français. Ces dispositions précisent notamment les règles applicables en matière de répartition de la propriété entre les héritiers, ainsi que les droits et obligations du nu-propriétaire et de l’usufruitier issus de la succession.

La constitution du démembrement de propriété par prescription acquisitive

Le démembrement de propriété peut également être constitué par prescription acquisitive, c’est-à-dire lorsque l’usufruitier ou le nu-propriétaire a acquis ses droits sur la propriété par possession continue et paisible pendant un certain laps de temps. La prescription acquisitive est un mode d’acquisition d’un bien ou d’un droit par le fait de la possession, dans les conditions et sous les réserves prévues par la loi. En l’absence de contestation de la part du propriétaire pendant un délai de trente ans, l’usufruitier ou le nu-propriétaire peut obtenir la propriété pleine et entière du bien en question.

Les aspects fiscaux du démembrement de propriété

Le démembrement de propriété peut toucher à la fiscalité de plusieurs manières.

Les modalités et conséquences de déclaration fiscale du démembrement de propriété

Lorsqu’un bien immobilier est démembré, l’usufruitier et le nu-propriétaire sont soumis à des obligations fiscales spécifiques. En général, l’usufruitier est imposable sur les revenus et les charges afférents au bien, tandis que le nu-propriétaire est imposable sur la valeur en capital du bien.

Le nu-propriétaire doit déclarer la valeur en capital du bien dans sa déclaration d’impôt sur la fortune immobilière (IFI) ou dans sa déclaration de patrimoine. La valeur en capital est calculée en fonction de la valeur vénale du bien, c’est-à-dire sa valeur marchande. Si le nu-propriétaire est également l’usufruitier, il doit déclarer la valeur en capital ainsi que la valeur de l’usufruit dans sa déclaration d’IFI ou de patrimoine.

L’usufruitier, quant à lui, est imposable sur les revenus générés par le bien, qu’il s’agisse de loyers perçus ou de fruits civils (comme les récoltes agricoles). Il doit donc déclarer ces revenus dans sa déclaration d’impôt sur le revenu. Il peut également déduire de ces revenus les charges et les travaux d’entretien qu’il a engagés pour le bien.

Il est important de noter que les modalités de déclaration fiscale peuvent varier en fonction de la nature et de l’utilisation du bien immobilier, ainsi que de la situation particulière de chaque contribuable. Il est donc recommandé de consulter un expert-comptable ou un avocat spécialisé en fiscalité pour une meilleure compréhension et une application correcte des règles fiscales applicables.

Les avantages fiscaux liés au démembrement de propriété

Le démembrement de propriété peut offrir des avantages fiscaux pour les parties impliquées.

Pour le nu-propriétaire, la détention de la nue-propriété peut être avantageuse en matière d’impôt sur la fortune immobilière (IFI) ou d’impôt sur la succession. En effet, la valeur de la nue-propriété est souvent inférieure à la valeur de la pleine propriété du bien, ce qui peut entraîner une réduction de l’assiette fiscale. Le nu-propriétaire peut également bénéficier d’une exonération d’IFI si la valeur de ses biens immobiliers est inférieure à un certain seuil.

Pour l’usufruitier, le démembrement de propriété peut permettre de bénéficier d’un abattement sur les droits de succession. En effet, le calcul des droits de succession est basé sur la valeur en pleine propriété du bien, mais l’usufruitier ne possède qu’une partie de cette valeur. Il peut donc bénéficier d’un abattement sur la valeur de l’usufruit.

En outre, l’usufruitier peut également bénéficier d’avantages fiscaux en matière d’impôt sur le revenu. En effet, les revenus générés par le bien sont imposables à l’impôt sur le revenu, mais l’usufruitier peut déduire de ces revenus les charges et les travaux d’entretien qu’il a engagés pour le bien.

Les enjeux du démembrement de propriété

Plusieurs enjeux sont recensés lorsqu’il y a démembrement de propriété.

Les avantages du démembrement de propriété pour les propriétaires

Le démembrement de propriété peut offrir plusieurs avantages pour les propriétaires.

D’abord, le propriétaire peut transmettre la nue-propriété à ses héritiers tout en conservant l’usufruit du bien, ce qui lui permet de continuer à en jouir pendant sa vie.

Ensuite, l’acquisition de la nue-propriété d’un bien immobilier est souvent moins coûteuse que l’acquisition de la pleine propriété, ce qui peut être avantageux pour les investisseurs.

Aussi, le démembrement de propriété peut permettre aux propriétaires de diversifier leur patrimoine en investissant dans des biens immobiliers sans en avoir la pleine propriété.

De plus, le démembrement de propriété peut permettre de protéger le patrimoine familial en transmettant la nue-propriété à ses enfants tout en conservant l’usufruit, évitant ainsi que le bien ne soit vendu ou dilapidé par les héritiers. Et comme expliqué précédemment, le démembrement de propriété peut offrir des avantages fiscaux pour les parties impliquées, ce qui peut être avantageux pour les propriétaires.

Les avantages du démembrement de propriété pour les usufruitiers

Le démembrement de propriété peut offrir plusieurs avantages pour les usufruitiers.

D’abord, la jouissance du bien immobilier. L’usufruitier peut utiliser et profiter du bien immobilier pendant toute la durée de l’usufruit.

Ensuite la possibilité de percevoir des revenus. L’usufruitier peut percevoir des revenus liés à l’exploitation ou à la location du bien immobilier.

Aussi, la possibilité de vendre son usufruit. L’usufruitier peut vendre son usufruit à un tiers, ce qui peut lui permettre de générer des revenus supplémentaires.

Enfin, la protection de son patrimoine. Le démembrement de propriété peut permettre à l’usufruitier de protéger son patrimoine en évitant d’investir dans un bien immobilier en pleine propriété, ce qui peut s’avérer risqué.

Les risques liés au démembrement de propriété

Bien que le démembrement de propriété puisse offrir des avantages, il comporte également certains risques.

D’abord le risque de conflit entre le nu-propriétaire et l’usufruitier. Des désaccords peuvent surgir entre les deux parties quant à l’utilisation et la gestion du bien immobilier ;

Ensuite le risque de non-respect des obligations fiscales. Si les obligations fiscales liées au démembrement de propriété ne sont pas respectées, cela peut entraîner des sanctions financières importantes ;

Il ne faut pas négliger le risque de perte de valeur du bien immobilier. Si la valeur du bien immobilier diminue au fil du temps, le nu-propriétaire peut subir une perte financière importante à la fin de l’usufruit ;

On peut également avoir le risque de dégradation du bien immobilier. Si l’usufruitier ne prend pas soin du bien immobilier, cela peut entraîner une dégradation de celui-ci et une perte de valeur.

Tout ceci rend le domaine du démembrement de propriété très complexe.

Pour aller plus vite :

Le démembrement de propriété est un concept essentiel du droit français permettant de répartir les droits sur un bien immobilier ou mobilier entre plusieurs personnes. Ce mécanisme est particulièrement utile pour la transmission de patrimoine, offrant la possibilité de transférer la jouissance d’un bien tout en conservant la propriété.

Le démembrement de propriété se divise principalement en nue-propriété et usufruit. La nue-propriété confère le droit de disposer du bien sans en avoir la jouissance, tandis que l’usufruit permet d’utiliser et de jouir du bien sans en être le propriétaire. Il existe également l’usufruit successif, où deux usufruits se succèdent dans le temps.

Les droits et obligations des parties sont encadrés par le Code civil. Le nu-propriétaire peut vendre ou donner sa part, mais doit respecter les droits de l’usufruitier et entretenir le bien. L’usufruitier doit utiliser le bien sans compromettre sa valeur et le restituer en bon état.

Le démembrement de propriété a des impacts sur les créanciers et les tiers. Les créanciers du nu-propriétaire peuvent saisir le bien, mais doivent indemniser l’usufruitier pour la perte de jouissance. Les tiers acquéreurs doivent respecter les droits de l’usufruitier jusqu’à l’expiration de l’usufruit.

Plusieurs modes permettent d’acquérir le démembrement de propriété, comme la convention, la succession ou la prescription acquisitive. Le démembrement offre aussi des avantages fiscaux, comme des réductions sur l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) et des abattements sur les droits de succession.

Enfin, le démembrement de propriété présente des avantages pour les propriétaires et les usufruitiers, comme la diversification du patrimoine, la protection du bien familial et la possibilité de percevoir des revenus sans posséder la pleine propriété. Toutefois, il comporte aussi des risques, notamment des conflits entre parties et des implications fiscales complexes.

Christian Mahout

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INDIVISION PATRIMOINE, fondé par Christian Mahout, est spécialisé dans l’acquisition d’immeubles et de parts indivises à Paris et en Île-de-France depuis 40 ans.
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